Santé / Médicaments : Le réflexe de la prescription d’antibiotiques pour angine
Enquête conduite chez 50 généralistes par une personne se plaignant d’un mal de gorge fictif, et à qui 52% des médecins ont prescrit des antibiotiques. Les antibiotiques “c’est toujours trop automatique”, relève l’UFC-Que Choisir.
L’enquête a été réalisée de la mi-octobre à la mi-novembre dans toute la France, “suivant le même scénario : prétendre un mal de gorge et dire craindre une angine”, selon l’organisation de défense des consommateurs. Elle précise n’avoir demandé aucun remboursement de ces rendez-vous à l’Assurance maladie.
La grande majorité des angines sont virales (ce que peut déceler un test de diagnostic rapide et mis gratuitement à disposition des médecins), et dans ce cas le recours aux antibiotiques est sans intérêt. Pour cette malade en bonne santé, 52% des visites ont conduit cependant à la prescription d’antibiotiques et seulement un médecin est revenu sur sa prescription après que la “malade” eut émis des doutes sur sa nécessité, indique l’UFC-Que Choisir. En moyenne, les médecins prescrivaient 2,4 médicaments en plus des antibiotiques, voire parfois des corticoïdes, non recommandés pour un mal de gorge.
En France, rappelle l’UFC-Que choisir, 9 consultations sur 10 se terminent par une prescription de médicaments, dont la consommation par habitant est “supérieure de 40% à celle de nos voisins européens”. La consommation d’antibiotiques, après avoir baissé de 15% en France depuis 2002, est repartie à la hausse en 2007, avec une augmentation annuelle de 4%. Le niveau de consommation de la France reste l’un des plus élevés d’Europe, derrière la Grèce. Une surconsommation entraîne l’apparition de germes résistants, un phénomène qui se développe à grande vitesse dans le monde.
L’association insiste une nouvelle fois sur une “information objective” des praticiens, qui doit “contrebalancer la pression exercée (sur eux) par l’industrie pharmaceutique”. Elle rappelle sa proposition de création d’un corps de visiteurs médicaux publics et indépendants, placés sous l’égide de la Haute autorité de santé.
Après la campagne “les antibiotiques c’est pas automatique”, l’Assurance maladie a lancé l’an dernier une nouvelle campagne, centrée notamment sur l’angine: “si on les utilise à tort, ils deviendront moins forts”.
Paris, 24 janvier 2011 (AFP)