La Mutuelle Sociale Agricole évalue à 75 000 le nombre d’agriculteurs éligibles au RSA

Nicolas, 29 ans, agriculteur installé depuis trois ans en Normandie, survit chaque mois avec “547 euros pour quatre”, eau coupée pour cause d’impayés, dans l’attente du déblocage de sa demande de RSA.

Comme lui, ils sont de plus en plus nombreux à pointer au Revenu de Solidarité Active (RSA): depuis juin, plus de 40.200 dossiers ont été acceptés, un rythme d’environ 6.000 par mois, en plus des 19.000 dossiers RMI déjà existants, selon les chiffres nationaux de la Mutuelle Sociale Agricole (MSA).

Le sujet reste tabou dans les campagnes, les plus démunis souffrent en silence: “il y a pas mal d’états d’âme et de réticences à aller réclamer le RSA”, explique Fabrice Guérin, responsable d’une association d’aide aux agriculteurs, l’Atese, basée à Rennes.

Dans les Côtes d’Armor, un couple “a fait en sorte que le dossier ne passe pas par la mairie” car “ils avaient trop honte”, comme le raconte une autre association, “Solidarité Paysans”. Sa présidente, Annie Le Roux, elle-même agricultrice, voit défiler des dossiers émanant de gros producteurs de lait, qui font “500.000 litres par an”.

“Nous craignons beaucoup pour les semaines qui viennent, notamment pour les agriculteurs installés ces derniers mois”, explique Elie Quidu, responsable du dossier à la MSA. Il observe déjà “une montée en charge”. D’autant que les critères se sont assouplis pour prendre en compte les revenus de 2009, en chute libre.

Guillaume Martel a 35 ans. Installé depuis 1997, il fait “du lait et des bovins” en Normandie. Il a déjà perdu entre “12.000 et 15.000 euros”, a emprunté 29.000 euros à l’automne, “il y a des chances” qu’il dépose une demande au titre de ses revenus 2009. “La crise est masquée. Les fournisseurs participent au comblement du trou, mais quand ils diront +on ne vous livre plus+ et quand les banques diront +on ne prête plus+, tout risque de s’effondrer!”, prévient-il.

D’autant que “certains sont en train de s’endetter pour financer leurs achats de semences”. La veille au soir, un agriculteur du coin lui a confié que “la facture des aliments venait d’arriver alors que la précédente n’était pas payée”.

Jeune producteur de lait, “damné du monde agricole”, Yannick Bodin a fêté la Saint-Valentin “au kebab” faute de pouvoir s’offrir mieux. Il a “perdu le fruit de douze années de travail en un an” et a dû emprunter.

Calculé sur ses revenus 2008, son dossier RSA est pour l’instant rejeté – comme un cas sur deux d’après la MSA. Il attend une réponse pour 2009 et ne s’étonne pas de voir “les demandes de RSA exploser” du fait de l’effondrement des revenus agricoles l’an dernier. “La société fait en sorte qu’on ne vive plus de notre métier”, regrette-t-il.

“Humainement, c’est très dur”, s’inquiète Pascal Cousté, représentant de l’Association des producteurs de lait indépendants (APLI) en Bretagne.

Car de la détresse financière au désespoir il n’y a qu’un pas. Nicolas est sous anti-dépresseurs. Marre de travailler “12 heures par jour pour la gloire”. Arrêté en début d’année, il a repris le travail cette semaine.

De passage, son vétérinaire renchérit: “On a des retard de paiements. Les gens sont tendus à bloc. Toute la filière est en danger. Il faut le dire: Nicolas, c’est une victime de la crise alors que c’est quelqu’un qui devrait s’en sortir!”.

Rennes, 2 mars 2010 (AFP)


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