Assurance animale : Un vétérinaire teste les chiens et chats virtuels
Un vétérinaire comportementaliste s’est prêté à une expérience originale : tester un chiot et chaton virtuels.
Claude Béata, vétérinaire comportementaliste, s’est prêté à une expérience originale : tester le jeu Nintendogs + Cats qui propose aux joueurs un chiot « portable » et, pour la première fois, un chaton. Quand le virtuel rejoint la réalité, voici ses impressions.
« Quand Nintendo m’a demandé un avis de vétérinaire comportementaliste sur leur jeu, cela m’a intéressé et j’ai utilisé mes souvenirs de joueur – et de père de joueurs ! -, de vétérinaire, de propriétaire de chiens et de vétérinaire comportementaliste », explique Claude Béata, vétérinaire comportementaliste, et membre du Collège Européen de Médecine Vétérinaire Comportementale (animaux de compagnie).
L’enfant est souvent prescripteur dans le choix d’acquérir un chiot ou un chaton. Si le Dr Béata admet que ce type d’animaux virtuels reste un jeu (l’animal ne mourant pas si l’on cesse de s’occuper de lui), il indique toutefois qu’il est le reflet de la réalité. « L’enfant apprendra que plus il passe de temps à s’occuper de l’animal, meilleure sera la relation. Il faut reconnaître que les concepteurs ont donné des personnalités assez différentes aux animaux et que cela augmente l’intérêt. Par exemple, la durée de la promenade est assez longue pour faire sentir la contrainte… Le fait de pouvoir toucher du doigt que le temps passé avec l’animal tisse une relation plus forte et plus agréable aux conséquences positives pour les deux me paraît très formateur. »
Eduquer les enfants
Et de rappeler qu’une enquête récente a montré que les propriétaires passaient moins de 5 minutes par jour en interaction avec leur chien. « Si ce jeu peut éduquer les enfants dans le sens de consacrer plus de temps à l’animal, alors la prochaine génération de maîtres assurera un meilleur bien-être aux animaux. »
Au-delà du bien-être, ce genre de jeu peut également éduquer l’enfant. Un point important alors que cet été des accidents dus à des morsures se sont multipliés. Dans ce type de jeu, « il y a un élément intéressant : pendant les promenades, votre chien virtuel rencontre d’autres chiens. Très souvent, cela se passe bien, parfois il est indiqué que les deux chiens ne s’entendent pas. Cela est une première étape pour comprendre que le risque existe aussi ».
La reconnaissance des problèmes comportementaux
Selon le Dr Béata, si l’on a de nos jours affaire à davantage de problèmes comportementaux chez les chiens et chats que par le passé, « c’est surtout parce que nous savons les nommer, les reconnaître et les soigner. Avoir pu démontrer qu’il y a d’autres solutions que l’euthanasie ou la castration est une de nos grandes victoires. » La prise en charge combinée à une thérapie comportementale et un traitement médicamenteux adapté donne aujourd’hui des résultats satisfaisants dans de nombreuses affections, souligne encore le Dr Béata.
« Le vétérinaire comportementaliste a pris totalement sa place aux côtés de ses confrères cardiologues, dermatologues, neurologues, etc. », insiste-t-il. « C’est une discipline de plus dans le champ vétérinaire, qui apporte beaucoup non seulement dans la relation particulière entre un humain et ses animaux, mais aussi dans le conseil aux collectivités locales et aux gouvernements quand ils veulent bien écouter. »
Le comportementaliste pris en charge
A noter enfin que l’assurance santé chien et chat peut aussi rembourser les frais en cas de consultation en comportement. Le Dr Béata avoue apprécier le fait qu’il existe certaines mutuelles pour chien et chat qui, « contrairement à beaucoup d’autres assurances médicales vétérinaires, acceptent de prendre en charge les frais liés aux troubles du comportement. C’est la reconnaissance d’une lutte que nous menons depuis des années : faire admettre que la zoopsychiatrie fait partie intégrante de la médecine vétérinaire. C’est aussi pour la mutuelle faire preuve de sagesse : il vaut mieux prendre en charge le traitement d’un chien hyperactif plutôt que de devoir payer la réparation de l’os brisé par manque de contrôle ou de l’intervention chirurgicale pour ingestion de corps étranger qui arrive si souvent si ces chiens ne sont pas traités ! Tout le monde a donc à y gagner, et les animaux en premier ! »