Assurance chômage : Âpres discussions en vue mais pas de changements radicaux
Syndicats et patronat se retrouvent lundi pour commencer à négocier de nouvelles règles d'indemnisation des chômeurs, qui ne devraient pas être bouleversées, malgré d'âpres discussions en vue sur le sort des oubliés de l'assurance chômage.
Syndicats et patronat se retrouvent lundi pour commencer à négocier de nouvelles règles d’indemnisation des chômeurs, qui ne devraient pas être bouleversées, malgré d’âpres discussions en vue sur le sort des oubliés de l’assurance chômage.
Alors que les organisations patronales (Medef, CGPME, UPA) veulent essentiellement reconduire la convention d’assurance chômage datant de 2009 et expirant fin mars, leurs interlocuteurs (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC) réclament des avancées.
La marge de manoeuvre financière des gestionnaires de l’assurance chômage est limitée: « la situation de l’Unedic, avec un déficit cumulé de 11Mds d’euros, réduit le champ des possibles », selon Stéphane Lardy (FO).
L’Unedic, qui a vu les rentrées de cotisations diminuer et les dépenses d’indemnisation augmenter avec la crise, table cependant dans ses dernières prévisions sur une baisse du nombre des demandeurs d’emploi pour réduire son déficit cumulé à 6,7Mds d’euros fin 2014. Pour le patronat, « il n’est pas question d’innovations radicales » : « nous souhaitons principalement reconduire le cadre actuel », affirme Laurence Parisot, présidente du Medef.
La CFDT, seul syndicat signataire en 2009, est également « pour le maintien » des acquis d’alors, avec des « améliorations », souligne Laurent Berger. Au nombre des acquis, figure pour elle « l’indemnisation des 312.000 personnes », jeunes notamment, qui n’auraient rien touché avec les règles précédentes.
La dernière convention a notamment réduit de six à quatre mois la durée de travail minimale pour bénéficier d’allocations. En outre, un jour cotisé donne droit à un jour indemnisé jusqu’à un plafond de deux ans (trois pour les seniors). Mais, considère la CGT, ce système ne protège pas assez les précaires, alors que seule la moitié environ des demandeurs d’emploi sont actuellement indemnisés par l’Unedic. La centrale réclame l’ouverture de droits au chômage dès deux mois travaillés, « pour le noyau dur des précaires », explique Maurad Rabhi.
Pour lui, les règles instaurées en 2009 ont privé plus rapidement de droits de nombreux chômeurs, comme ceux qui, avec 16 mois de travail, avaient autrefois droit à 23 mois d’indemnisation. « On pousse les plus pauvres vers les minima sociaux », selon lui. CGT, CFDT, CFTC ou FO veulent aussi créer un système permettant de garder des indemnités non utilisées pour une période de chômage ultérieure. Une façon d’encourager à accepter un emploi, même risqué.
Les organisations se rejoignent aussi sur l’idée de cotisations patronales variant selon la durée des contrats, afin de « pénaliser les entreprises qui utilisent systématiquement des contrats courts », explique M. Lardy (FO). « Il y a de plus en plus de contrats courts. Demain on aura de petits boulots d’une heure! », s’insurge Gabrielle Simon (CFTC). La CFDT propose un système dégressif dans le temps, la CGT prône des parts patronales différentes pour CDI, CDD ou contrats d’intérim, mais l’idée est la même: que la flexibilité ait un coût.
Autre pomme de discorde avec le patronat pour certains: la baisse programmée des cotisations le jour où les comptes de l’assurance chômage renoueront avec un excédent, d’au moins 500 millions d’euros semestriel. Ce qui surviendrait dès 2013, selon l’Unedic. Le Medef tient à ce « principe » déjà inscrit dans la convention actuelle: « il n’y a aucune raison de retirer ce point de la négociation », a prévenu Mme Parisot.
FO, pas opposé au principe d’une baisse des cotisations, parle néanmoins d’« aberration » tant que perdure le déficit cumulé. « Ce serait incohérent tant que la totalité du déficit n’est pas apuré », renchérit la CFTC, pour laquelle la priorité « est de répondre aux besoins des demandeurs d’emploi ». La CGT, elle, « préfère indemniser tout le monde et mieux » plutôt que baisser les cotisations.
Paris, 21 janvier 2011 (AFP)