Retraites : Les français fatalistes après la réforme, se tournent vers l’épargne retraite
Après le vote de la loi réformant les retraites, la septième édition de l’Observatoire des Retraites – UMR/ Liaisons Sociales/ Ipsos, présente la perception des Français sur cette réforme et son avenir.
Pour la première fois depuis avril 2009 l’inquiétude croissante exprimée lors des 3 dernières vagues, diminue. Par rapport à la dernière vague de mai 2010, elle diminue sur plusieurs points pour l’ensemble des français:
– leur capacité à vivre de façon indépendante : 43% se disent inquiets (- 11 points)
– leur santé et l’accès aux soins : 45% (-9 points)
– leur niveau de vie au moment de la retraite : 54% (- 16 points) et le montant de leur retraite : 65% (-13 points)
L’inquiétude est toujours plus marquée chez les femmes (70% soit – 5 points) en ce qui concerne leur futur niveau de vie (contre 60% des hommes soit – 4 points) et les actifs (75% soit – 2 points). En revanche, les retraités sont nettement plus confiants qu’il y a six mois qu’il s’agisse de leur capacité à vivre de façon indépendante (64% ; +7 points), de leur santé et accès aux soins (63% ; +8 points), de leur niveau de vie (64% ; +27 points) ou du montant de leur retraite (57% ; +24 points).
La majorité des Français (56%) pense que la réforme contribue à résoudre le financement des retraites, au moins à court terme, contre 41% qui estiment qu’elle ne résout rien. Ainsi, 26% estiment que cette réforme résout le problème du financement pour quelques années, 22% pensent que c’est une solution jusqu’en 2020 et 8% que cela pourra même perdurer à plus long terme. Certes, la confiance en la sauvegarde financière du système est modeste mais elle existe néanmoins, ce qui contribue sans doute à rassurer un peu les Français sur leur avenir.
A la question « quels sentiments évoquent pour vous la réforme ? », les Français répondent majoritairement (53%) qu’ils éprouvent de la colère, en particulier 51% des jeunes de 18 à 24 ans. Le deuxième sentiment évoqué est la résignation (45%).
Les items positifs arrivent loin derrière – 18% éprouvent de la satisfaction et 16% du soulagement – tandis que 20% se disent indifférents.
Les Français considèrent majoritairement que la réforme aura des conséquences négatives sur le chômage des jeunes (54%) et 61% des 18-24 ans partagent cette opinion. Les Français pensent également que la réforme aura des conséquences négatives sur le chômage des seniors (48%).
Pour qualifier la réforme, les répondants mettent en avant deux notions en particulier : l’injustice (45%) et l’inéluctabilité : 52%, 31% la jugent brutale, 23% confuse et à l’inverse 18% considèrent qu’elle est courageuse et 11% constructive. Ce classement est révélateur de l’ambivalence de l’état d’esprit des Français : s’ils jugent nécessaire de réformer le système des retraites et sont majoritairement acquis à l’idée qu’il n’y a pas d’autre solution, la manière dont la réforme a été conduite et le contenu même du projet sont rejetés par une part conséquente de la population.
Ces résultats traduisent en fait un certain fatalisme de la part des Français, fatalisme d’autant plus fort qu’ils ne croient plus vraiment à la pérennité du système en l’état. Dans ce contexte, l’épargne retraite complémentaire devient indispensable : la quasi-totalité d’entre eux est convaincue qu’il va devenir important dans les années qui viennent de se constituer une épargne retraite complémentaire. Ils sont même une nette majorité (65%) à juger cela indispensable tandis que 23% pensent que c’est important mais pas indispensable. Seuls 10% considèrent que c’est secondaire.
Si la loi prévoit que le prochain rendez-vous sur les retraites devra avoir lieu en 2013, 83% Français considèrent que le thème des retraites constituera un des enjeux principaux dès l’élection présidentielle de 2012. En revanche, la promesse du Parti socialiste de rétablir l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans si son candidat était élu en 2012 suscite le scepticisme d’une majorité de Français, 71% estimant que cette position n’est pas crédible, 27% étant de l’avis contraire.
Il n’en reste pas moins que les principes fondamentaux qui régissent le système de retraite sont inintelligibles pour beaucoup de Français : ainsi, la différence entre âge légal de départ en retraite et âge de départ sans décote n’est claire que pour 36% d’entre eux. La majorité (63%) indique au contraire que cette différence n’est pas claire, 31% avouant même que ce n’est « pas clair du tout ». Un travail de pédagogie semble indispensable sur le sujet dans le futur.