Dépendance : les plus de 70 ans s’expriment pour la première fois
Pour la première fois en France les personnes de plus de 70 ans s’expriment sur la perte d’autonomie. L’enquête Mondial Assistance – Notre Temps, réalisée par TNS Sofres, révèle leur vécu et leur perception des enjeux liés au « grand âge » et au vieillissement.
• Gêne, difficulté de parler de la perte d’autonomie, même auprès de ses proches : 4 personnes « autonomes » sur 10 ne veulent pas aborder le sujet avec leur entourage.
• En cas de difficulté, la peur de demander de l’aide, de déranger, est forte, et ce d’autant plus que la personne est vulnérable et a une autonomie plus limitée : plus d’1 personne sur 2 (55%) en perte d’autonomie a peur de déranger.
• Au quotidien, les personnes « fragilisées » sont bien accompagnées par les services à la personne, plébiscités autant pour leurs compétences que pour leurs qualités humaines.
La famille (conjoint, autre membre de la famille) est également bien présente.
La majorité des personnes de 70 ans et plus est en bonne santé et complètement autonome
• Au quotidien, dans les actes de la vie courante, la principale difficulté réside dans la réalisation des tâches « ménagères » (ménage, courses) :
• Concrètement, plus d’1/3 (38%) a des difficultés pour faire le ménage (34% ont besoin d’aide et 4% ont du mal à le faire).
• Environ ¼ a des difficultés pour faire ses courses (19% ont besoin d’aide).
• Au-delà, le manque d’autonomie limite surtout la capacité à sortir de chez soi seul : 1/5 (21%) a du mal à le faire seul ou a besoin d’aide.
• Auprès de la population interrogée (qui exclut les personnes très dépendantes physiquement et au niveau mental ou psychique), on constate ainsi peu de limitation « physique » profonde ou marquée :
• Environ 10% éprouvent des difficultés sur le plan moteur : ont du mal à faire seul ou ont besoin d’aide pour se déplacer dans leur domicile (8%), pour faire leur toilette et s’habiller (8%).
• Seul ¼ (26%) doit faire face à la perte d’autonomie, a du mal à faire seul ou a besoin d’aide pour se lever et se coucher, faire sa toilette et s’habiller, se déplacer chez soi ou encore lire.
• Au total, un peu moins de la moitié (45%) des personnes âgées de 70 ans et plus sont « fragilisées » :
• 19% ont des difficultés dans le quotidien du foyer.
• 26% sont en perte d’autonomie « personnelle ».
• A l’inverse, 55% sont « autonomes » et n’ont aucune difficulté à effectuer seuls les tâches de la vie quotidienne.
Même s’ils ne sont pas limités dans la vie quotidienne, les « autonomes » sont préoccupés par la perte d’autonomie et peinent à s’en ouvrir, à en parler
• L’éventualité de la perte d’autonomie est largement présente dans les esprits : la grande majorité (8/10) envisage de devenir un jour moins autonome, même si la plupart n’y pense que « de temps en temps » (64%).
• En revanche, ils s’en ouvrent assez peu, que ce soit auprès de leurs proches ou de l’extérieur :
• Le sujet est abordé spontanément avec l’entourage par 4 « autonomes » sur 10 : gêne, mais surtout refus de parler du risque de perte d’autonomie (4/10).
• 19% en parlent en dehors de leur entourage, et c’est le plus souvent à leur médecin.
• Concrètement, un peu moins de la moitié a pris des dispositions pratiques. Il s’agit essentiellement d’aménager leur logement ou de déménager (31%). Vient ensuite la souscription à un contrat d’assurance dépendance (17% des autonomes).
• Lorsqu’on demande aux « autonomes » ce qu’ils craignent le plus pour les années qui viennent, la perte de mémoire cristallise les inquiétudes : 6 sur 10 redoutent cette éventualité et les femmes davantage encore que les hommes (65% vs. 46%). La perte d’autonomie inquiète aussi la moitié des autonomes, suivie de la perte de la vue (40%).
Les « fragilisés », qui se sont le plus souvent peu préparés à la perte d’autonomie, sont bien soutenus au quotidien par l’entourage et les professionnels
• La préparation à la perte d’autonomie est relativement « limitée » : environ une personne sur deux s’était préparée à cette idée, qu’elle soit aujourd’hui en perte d’autonomie ou seulement en difficulté dans la gestion du foyer.
• Par ailleurs, comme les « autonomes », ces personnes « fragilisées » ont connu la même réticence à aborder le sujet : Le sujet a été abordé spontanément avec l’entourage par 4 personnes sur 10.
• Face à la difficulté concrète, les personnes en perte d’autonomie sont, assez logiquement, un peu plus nombreuses à s’en être ouvertes à l’extérieur (notamment auprès de leur médecin) : 26% contre 18% pour les personnes qui ont besoin d’aide pour la gestion du foyer.
• Environ 1/3 avait pris des dispositions pratiques : si l’aménagement du logement arrive ici aussi en 1er (1/4), la téléalarme fait partie des principaux « équipements » de ceux qui sont en perte d’autonomie « physique » (12%).
• Au quotidien, ces personnes « fragilisées » sont le plus souvent soutenues par les services à la personne (7/10), les aides ménagères et les auxiliaires de vie. Les qualités humaines des personnes assurant ce soutien, (attention, respect, disponibilité) autant que leurs compétences sont plébiscitées (par plus de neuf personnes aidées sur dix).
• Toutefois, la famille est également bien présente : 6 sur 10 bénéficient régulièrement de l’aide de leur conjoint ou d’un membre de la famille : 56% auprès des personnes qui ont besoin d’aide pour la gestion du foyer, 64% auprès des personnes en autonomie réduite.
Plus la perte d’autonomie est grande, plus la peur de déranger est forte
• Parmi les « autonomes », la peur de demander de l’aide, de déranger est déjà présente : si 2 « autonomes » sur 3 (66%) assurent qu’ils demanderaient de l’aide (à un proche ou un professionnel) dès que le besoin s’en ferait sentir, un tiers déclare qu’il n’appellerait qu’en cas d’urgence, par peur de déranger.
• Parmi les « fragilisés », environ 4 sur 10 ont peur de déranger et n’appelleraient qu’en cas d’extrême nécessité (plutôt que de demander de l’aide, d’appeler des proches ou un professionnel dès que besoin) parmi ceux qui ont besoin d’aide pour le quotidien du foyer. Cette proportion monte à plus d’1 personne sur 2 (55%) parmi les personnes en perte d’autonomie.
• Paradoxe : ce sont ainsi ceux qui ont effectivement le plus besoin d’aide qui osent le moins la solliciter.