Grippe A : Le virus est un facteur aggravant pour les personnes déjà fragilisées
Le nouveau virus grippal H1N1, considéré à ce jour comme peu virulent, peut cependant entraîner chez des personnes déjà malades des complications graves, expliquent des spécialistes qui s’inquiètent aussi de ses effets chez les femmes enceintes.
“Cette grippe constitue un facteur aggravant pour des organismes fragiles”, a souligné la ministre française de la Santé Roselyne Bachelot après l’annonce du décès d’une jeune fille de 14 ans porteuse du virus A(H1N1) et atteinte d’une maladie rare, avec un déficit immunitaire.
“Schématiquement, l’expression de la maladie infectieuse résulte du combat entre l’agent agresseur, comme un virus, et l’hôte, c’est à dire nous, qui réagissons avec nos moyens de défense et en particulier notre système immunitaire”, explique à l’AFP François Bricaire, chef du service des Maladies infectieuses et tropicales à La Pitié-Salpêtrière à Paris.
“Le cas type, ce sont les insuffisants respiratoires”, indique pour sa part Gilles Pialoux (hôpital Tenon). “Ils ont un équilibre fragile et avec n’importe quelle grippe, ça précipite le déséquilibre”.
Globalement les personnes à risques sont sensiblement les mêmes que pour toute autre grippe, selon les spécialistes : les affections respiratoires telles que la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), l’asthme ou la mucoviscidose, l’insuffisance cardiaque grave, le diabète et les personnes immunodéprimées, dont le système naturel de défense est affaibli.
Parmi les causes d’immunodépression, le Pr Pialoux cite des maladies génétiques, le virus du SIDA, la cirrhose, l’insuffisance respiratoire chronique, la drépanocytose (maladie du sang), ou encore certains médicaments (corticoïdes, chimiothérapies).
“La grossesse n’est pas une maladie, mais c’est aussi une cause d’immunodépression”, indique-t-il. Il précise être particulièrement mobilisé sur le sujet, à la fois pour les patientes et pour les femmes qui pourraient être enceintes parmi le personnel soignant.
On estime à 800.000 le nombre de femmes enceintes en France.
Selon une étude du centre américain de contrôle des maladies (CDC), publiée cette semaine dans la revue médicale The Lancet, les femmes enceintes auraient quatre fois plus de risques de souffrir de complications dues au nouveau virus grippal et un taux de mortalité plus élevé que la moyenne.
Les spécialistes signalent par ailleurs une mortalité plus élevée chez des personnes souffrant d’obésité importante, une caractéristique propre au nouveau virus H1N1.
Des complications graves surviennent aussi avec le nouveau H1N1 chez des sujets jeunes et a priori en bonne santé. Peut-être, avance le Pr Bricaire, parce qu’ils sont “complètement vierges vis-à-vis de ce virus”.
Les médecins peuvent agir en essayant de combattre l’agent infectieux, en l’occurrence pour la grippe avec des antiviraux comme le Tamiflu, et des antibiotiques en cas de surinfection bactérienne. “De l’autre côté, ils peuvent aider l’hôte à se défendre, avec des immunostimulateurs, mais aussi la vaccination”, explique le Pr Bricaire.
AFP