Grippe A : Les généralistes prêts à faire face mais attendent plus de précisions
Les médecins généralistes, qui seront à partir de la semaine prochaine en première ligne pour prendre en charge la nouvelle grippe A(H1N1), se disent habitués à faire face aux épidémies de grippe et de gastro-entérite mais attendent encore des précisions pratiques.
Certains anticipent un éventuel débordement si les cas deviennent vraiment beaucoup plus nombreux que lors des dernières épidémies de grippe saisonnière.
Les cabinets de groupe -où travaillent plusieurs médecins- sont mieux armés que les généralises isolés pour assurer la permanence des soins pendant les vacances, relève le Dr Vincent Rebeille-Borgella, vice-président du syndicat MG France. “On s’arrange avec les confrères du quartier”, affirme pour sa part le Dr José Clavéro (Paris XVe) dont le cabinet ferme quinze jours en août.
“Peu de gens ont un thermomètre chez eux”, déplore le Dr Rebeille-Borgella qui exerce dans un quartier populaire de Lyon. “S’ils étaient moins chers ce serait bien”, lance ce syndicaliste de terrain.
“Tout le monde doit avoir un thermomètre et du paracétamol chez soi”, renchérit un généraliste du Nord.
Les bandelettes frontales, sont moins chères, mais moins précises, mais de l’avis des généralistes interrogés, c’est mieux que rien. Le thermomètre à infrarouge que l’on approche du malade sans le toucher a la préférence des praticiens interrogés qui le considèrent comme le plus fiable.
“Nous avons au cabinet des masques protecteurs, pour nous et la secrétaire et des masques chirurgicaux (anti projections de gouttelettes infectées) pour les patients et du soluté hydroalcoolique pour les mains”, indique le Dr Jean-Claude Soulary de Dechy, près de Douai (Nord). “Ah oui, j’avais oublié la poubelle pour les mouchoirs en salle d’attente”, dit-il.
Par la DDASS, il a su où aller s’approvisionner (masques, etc.) : “il y a trois lieux dans le département du Nord, il devrait y en avoir plus, on nous a dit ‘à pas plus d’un quart d’heure'”, remarque ce médecin membre d’un réseau de surveillance de la grippe, le GROG. “Pour les stocks de proximité, on attend le détail”, relève de son côté le praticien lyonnais.
Pas mal de confères ne se sentent pas concernés, il est vrai qu’il y a peu de grippe pour l’instant, remarque le Dr Soulary. En revanche, “s’il y a réellement un grand nombre de cas, on risque d’être débordé”, ajoute le médecin qui se préoccupe des bronchitiques chroniques sévères (les “BPCO”) et des “asthmatiques nombreux dans le Nord”. “J’essaye, explique-t-il, de vacciner contre le pneumocoque tous mes patients insuffisants cardiaques ou atteints de BPCO ou d’asthmes sous traitement permanent”, pour éviter que ce germe ne vienne compliquer dangereusement une grippe.
“Les femmes enceintes et les nourrissons sont des sujets fragiles pour lesquels on va être extrêmement vigilant”, souligne le Dr Rebeille-Borgella. “La très grande majorité des enfants sont suivis en France par des généralistes et une grande partie des grossesses au début”, précise-t-il.
“Comme pour les antibiotiques, le Tamiflu (antiviral), ce n’est pas automatique”, rappellent les généralistes.
Ils trouvent cependant dommage de ne pas se voir confier les vaccinations contre la nouvelle grippe. De toute façon, “on ne peut pas exclure que le gros des doses du vaccin arrive après le pic de l’épidémie”, admet le vice-président de MG France, qui entrevoit par ailleurs d’éventuelles montagnes d’arrêts de travail. “C’est une grippe banale qui touchera tellement de monde que cela va poser des problèmes de gestion”, avance-t-il.
AFP