La grippe n’explose pas malgré le virus H1N1, doit-on remercier la météo ?
L’épidémie de grippe, malgré l’irruption du virus pandémique A (H1N1) en France métropolitaine, est loin de battre son plein, une météo clémente pourrait y être pour quelque chose.
De fait, on se trouve pour l’instant devant une “petite” épidémie “stable” qui donc, au lieu d’exploser comme on aurait pu s’y attendre, se traîne, voire est “en cours de ralentissement”, selon l’Institut national de Veille sanitaire (InVs). “Peut être que la météo clémente y est pour quelque chose”, avance la patronne de l’Institut de veille sanitaire, Françoise Weber car “la grippe se développe en particulier au cours des vagues de froid”. Toutefois, “le nombre de consultations est toujours important pour la saison”, souligne-t-elle.
Météo France confirme que le mois de septembre a été doux, et même exceptionnellement estival depuis la fin septembre.
En Europe, d’autres connaissent “une situation fluctuante, comme la Belgique ou la Norvège. La France ne se distingue pas finalement des autres pays”, remarque le Dr Weber. “D’ailleurs, les épidémies de grippe saisonnière débutent généralement à la mi-novembre au plus tôt et en moyenne plutôt début janvier”, indique le Dr Thierry Blanchon, responsable adjoint du réseau Sentinelles-Inserm qui surveille le nombre de consultations pour grippe avec apparition brutale de fièvre supérieure à 39 et courbatures.
“On s’attendait à une dynamique plus importante mais ce n’était que des hypothèses” car si “pour les grippes saisonnières on sait à peu près bien ce qui va se passer, on ne peut prévoir quel sera le comportement du virus pandémique”, nouveau par définition, selon l’épidémiologiste Daniel Lévy-Bruhl (InVS). “En moyenne, la durée des épidémies depuis 25 ans est de dix semaines. Une épidémie quand elle démarre, démarre très fort et donne un pic très vite. En quelques semaines on atteint le niveau maximum de l’épidémie. C’est la dynamique classique de la grippe saisonnière”, explique le Dr Blanchon. Mais avec le H1N1/2009 “ce n’est pas ce que l’on observe pour le moment”, constate-t-il.
Une des difficultés est l’absence de test fiable et peu coûteux qui pourrait être fait en routine de façon quasi systématique en médecine de ville (pédiatres, généralistes…) pour pouvoir affirmer si c’est oui ou non une grippe A pandémique. D’où les variations d’estimation.
Pour l’InVS, le recours aux soins en médecine de ville pour grippe et infections respiratoires aiguës est stable. Mais “la part du virus A (H1N1)/2009 dans ce recours aux soins reste faible”, souligne-t-il à présent.
Le réseau des GROG dont les généralistes procèdent à des prélèvements (dans le nez) estime à environ 40 000 le nombre de consultations liées à la grippe A.
Le prochain lancement en France de l’étude CopanFlu sur mille ménages représentatifs devrait permettre d’en apprendre un peu plus. “Dans l’hémisphère sud, 10 % de la population a été touchée par le virus H1N1/2009. On veut savoir pourquoi certaines personnes contractent la grippe et d’autres pas”, commente le professeur Fabrice Carrat (Inserm). Les formes de grippe sans symptômes seraient beaucoup plus nombreuses qu’on ne le croit”, dit-il.
L’objectif est aussi de vérifier le virus en cause en cas de fièvre – 20 virus seront simultanément détectés dans cette enquête – ce qui permettra de savoir quelle proportion des participants a contracté le virus H1N1 sans s’en apercevoir, précise-t-il.
Avec AFP