April Patrimoine préconise l’illiquidité
A l’heure où les mouvements de décollecte provoquent une chute auto-alimentée des marchés financiers, la performance des FCPI et des FIP est protégée par l’horizon de placement imposé aux épargnants.
S’ils ne sont pas dénués de risques, ces fonds permettent de lisser la performance globale d’un portefeuille, de financer à la source le tissu économique français et enfin, de réduire ses impôts. Une brique essentielle dans l’attirail des distributeurs indépendants !
Difficile d’exercer sereinement son métier de gérant, par les temps qui courent. Aversion des investisseurs pour le risque, réallocations massives des portefeuilles vers le monétaire, baisse des leviers imposée aux fonds alternatifs, décollecte sur les fonds actions obligeant les gérants à brader leurs lignes au plus mauvais moment… Pour plusieurs raisons, les acheteurs ont brutalement déserté les marchés financiers, accentuant la chute des cours et provoquant une recorrélation mécanique de tous les marchés à la baisse.
Si elle est inhabituelle dans son ampleur, la crise actuelle n’a toutefois rien d’inédit dans son déroulement : déclenchée par l’éclatement d’une bulle (sociétés internet, dette souveraine de certains pays émergents, subprimes…), la crise se poursuit en s’auto-alimentant par un assèchement de la liquidité imposée par une disparition mimétique des acheteurs. Au final, toutes les classes d’actifs sont concernées à des degrés et selon leurs calendriers propres.
Toutes ? Pas tout à fait. Car certains fonds échappent à cet engrenage : les FCPI et les FIP. L’illiquidité orchestrée sur ces supports, fermés par construction pour une durée de plusieurs années, impose une concordance bienvenue entre l’horizon de placement de l’épargnant et les contraintes d’investissement et de désinvestissement du gérant, qui a dès lors toute latitude pour rechercher sereinement la performance promise sur le long terme. Celui-ci peut en effet s’atteler sans urgence à identifier, puis à suivre ses lignes en portefeuille, sans s’encombrer de risques de trading, ni de la menace d’une décollecte qui l’obligerait à liquider des positions au pire moment et dans les pires conditions, ni enfin d’une chute de la valorisation de son portefeuille. Le voilà, le grand avantage des FCPI et des FIP. En accordant du temps au gérant, ils permettent d’afficher un profil rendement/risque favorable et surtout, lissé dans le temps. Leur intérêt pour les épargnants ne s’arrête toutefois pas là. Moyen privilégié d’accéder au capital des PME françaises non cotées, ces derniers œuvrent de façon citoyenne au développement du tissu économique français. Compte tenu de la masse d’entreprises éligibles, ils constituent aussi un gisement de performance à long terme loin d’être saturé. Pas de risque de chute brutale des VL n’est donc à craindre à court terme, donc.
Cette classe d’actifs n’est certes pas sans risque. Passons en revue les griefs possibles. Les FCPI et les FIP seraient placés sur les marchés jusqu’à hauteur de 40% ?
Investie sans contrainte d’allocation, cette poche en gestion libre est exposée depuis bien longtemps en monétaire et sera réorientée progressivement vers les marchés d’actions lorsque la configuration des marchés financiers le permettra. Investis dans le capital de PME réputées vulnérables aux retournements conjoncturels, les FCPI et les FIP ne pourraient pas sortir indemnes de la crise économique en cours ?
Les PME sont justement choisies parmi les mieux armées pour résister aux aléas conjoncturels. Par ailleurs, la durée de détention de ces fonds, qui s’étale sur plusieurs années, englobe quasiment un cycle économique entier, ce qui permet de lisser les effets défavorables de la phase baissière de ce dernier sur la performance finale. Enfin, ce dispositif a justement été créé pour apporter aux PME les fonds propres nécessaires à leur développement, ce qui permet en retour de limiter le risque que l’une d’entre elle trébuche pendant la durée de l’investissement.
Si ces réserves ne sont pas sans fondements, leur portée est donc limitée. Surtout, les risques inhérents à cette classe d’actifs sont amplement contrebalancés par ses avantages fiscaux. La Loi Dutreil d’août 2003 accorde une réduction d’impôt sur le revenu correspondant à 25% du montant de l’investissement dans la limite de 20 000€ (40 000€ pour un couple).
Depuis le 1er janvier 2008, la loi Tepa prévoit un avantage fiscal supplémentaire. Le souscripteur peut ainsi bénéficier d’une réduction d’ISF jusqu’à 20 000 € par an et par foyer fiscal, correspondant à 50 % de la partie de l’actif du FCPI ou du FIP éligible à la loi Tepa.
Les distributeurs indépendants ont aussi tout intérêt à privilégier ce type d’outil. Véritables amortisseurs pour les patrimoines financiers sous gestion en cas de choc sur les marchés et outils de défiscalisation privilégiés, ils consolident sur le long terme la relation commerciale avec les clients, dont ils participent à la fidélisation. Surtout, en mettant l’accent sur la réduction d’impôt, les conseillers peuvent tenir un discours positif à leur client, à l’heure où le contexte économique et financier actuel disqualifie toute argumentation orientée vers le seul placement. Ce n’est pas tout.
La crise financière accroît les écarts de performances entre les meilleurs gérants et les moins bons. Cette dispersion croissante valorise donc a posteriori le distributeur en sa qualité de sélectionneur.
Enfin, ces supports font généralement l’objet de deux campagnes annuelles (printemps pour l’ISF et en automne-hiver pour l’IR), qui sont autant d’opportunités de prises de contact. Pour toutes ces raisons, les FCPI et les FIP « anti-ISF » sont une brique essentielle dans l’attirail des distributeurs indépendants… à condition que ces derniers disposent des bonnes offres.