Assurons Haïti
Le monde de l’assurance n’aime pas les caprices de la nature.
Le drame d’Haïti en est un, dans ce que la nature a de plus destructeur. Des milliers de personnes tuées, des dégâts « inimaginables » pour reprendre l’expression du premier ministre Haïtien et un pays meurtri.
En terme d’assurance, le premier bilan sera fait dans plusieurs semaines. Il est difficile de mesurer correctement l’ampleur des dégâts, mais il est surtout difficile de savoir si tous ces biens étaient assurés. Et si l’on parle d’assistance… il ne reste que la solidarité internationale !
Haïti, l’un des pays les plus pauvres au monde, n’est de toutes les façons pas très assuré selon nos concepts. Car l’assurance, comme nous la concevons, est un produit de pays riche. Moins de risques, mais plus de couvertures, c’est un peu le monde à l’envers…
Si une capitale d’un pays européen avait été détruite, les assureurs du monde entier, forcément concernés par des liens entre eux, seraient en ce moment en train de calculer les parts d’indemnisation assumées par chacun. Les réassureurs, en seconde ligne, commenceraient eux aussi à recenser les clients concernés, et ils seraient nombreux.
A Haïti, ce sera sans doute la solidarité internationale qui servira d’assurance. Bien sûr, les bâtiments des entreprises privées et une part de la population étaient assurée. Mais dans une telle catastrophe, personne ne peut donner de délai. Les calculs d’indemnisation prendront du temps, et le temps, les Haïtiens n’en ont pas.
Dans une telle urgence, l’assurance n’est pas forcément compatible. Pourtant, les dernières tempêtes qui ont frappé la France, il y aura un an dans quelques jours, avaient montré la capacité à se mobiliser vite pour de petits dégâts. Remettre des tuiles sur un toit, ce n’est pas comme reconstruire une maison, indemniser des victimes et leur venir en aide.
L’assurance, elle-aussi, a ses limites face à la nature, surtout dans les pays pauvres et risqués.