Caisse d’Epargne/Banque Populaire : Un rapport critique le projet de fusion
Un rapport du cabinet indépendant Secafi, commandé par le comité de groupe de la Banque Populaire et dont l’AFP a obtenu copie, critique sévèrement le projet de rapprochement avec la Caisse d’Epargne, qualifié de “précipité par les difficultés de Natixis et des deux groupes”.
Pour les auteurs du rapport, dévoilé par Les Echos vendredi, l’union des deux banques est “un projet défensif, conçu dans l’urgence pour sauver Natixis”, filiale contrôlée à 72% environ par les deux banques. Les délais “très courts” entre la mise en chantier du projet et l’annonce de la création du nouvel organe central commun aux deux établissements “ont obligé les concepteurs (…) à travailler dans la précipitation”, selon Secafi.
Caisse d’Epargne et Banque Populaire avaient donné le coup d’envoi des négociations en octobre. Au début de l’année 2009, le gouvernement est intervenu pour accélérer le projet, qui a été formalisé le 26 février. La finalisation du rapprochement est attendue fin juin après l’adoption du projet de loi de fusion par le Parlement.
Selon le rapport, la structure qui sera mise en place “n’est que transitoire”, “ce qui prive les personnels d’une vision plus précise de leur devenir individuel”. Le syndicat SNB-CFE/CGC s’est inquiété vendredi de l’absence, dans le projet, d’indication sur l’emploi et les conditions de travail des 110.000 salariés des deux groupes, fustigeant un dossier “d’une extrême faiblesse”. Les auteurs du rapport soulignent également que “des risques importants pèsent toujours sur l’avenir du groupe”, notamment Natixis.
La filiale créée fin 2006 a perdu 2,8 milliards d’euros en 2008 et vient de publier une nouvelle perte de 1,8 milliard au premier trimestre. Elle a déjà bénéficié de trois recapitalisations en un an. Elle doit principalement ses pertes à un portefeuille de titres devenus illiquides (impossibles à vendre) d’une valeur de 33,7 milliards d’euros.
Secafi pronostique une nouvelle perte de 2 milliards sur ce portefeuille “dans les prochains mois”, “dans les conditions actuelles du marché”.
Mentionnant d’autres risques pour la Caisse d’Epargne, notamment liés à la gestion pour compte propre ou à sa filiale de crédit immobilier Crédit Foncier, le cabinet estimé “élevée” la probabilité que les premiers résultats publiés par le nouveau groupe fusionné soient négatifs.
AFP