Euler Hermès dévoile son analyse sur le risque pays : les économies émergentes prises dans la tourmente
La crise mondiale impacte le risque pays des économies émergentes. Leurs fragilités sont mises au jour, même si les situations sont contrastées. Analyse du risque en Russie, en Turquie et en Inde
Euler Hermes présente aujourd’hui son analyse des risques pays dans une économie mondiale en crise. Dans un contexte récessif, le risque pays prend une nouvelle dimension. Les pays émergents souffrent du tarissement des sources de financement externes, de la récession des grandes puissances économiques et de la chute des prix des matières premières. Les problèmes de liquidité des banques, la volatilité des taux de change et le rapatriement des capitaux étrangers exacerbent leurs difficultés. La fragilité de ces économies, atténuée en période de croissance, réapparaît. Certains pays, hier tout à fait sûrs, présentent aujourd’hui des risques pour les entreprises qui commercent avec eux.
Dans ce contexte, David Atkinson, spécialiste du risque pays chez Euler Hermes, a déclaré : « La crise économique actuelle frappe tous les pays sans exception, mais si certains sont mieux armés pour y faire face, un grand nombre voient leur situation se dégrader rapidement. Il est indispensable pour leurs partenaires et les exportateurs de surveiller de près ces pays, les réformes qui y seront menées et leur évolution. »
La croissance des économies émergentes ralentit
Euler Hermes prévoit pour 2009 une croissance mondiale inférieure à 1% avec, pour les principales économies développées, la première récession depuis la deuxième guerre mondiale. Parallèlement, les économies des pays émergents souffrent durement d’une crise économique mondiale qui ne correspond pas à un cycle économique normal. L’hypothèse d’un découplage de ces économies émergentes qui auraient pu poursuivre leur croissance est largement infirmée. Ces pays doivent faire face à de multiples problèmes :
• Rapatriement massif des investissements étrangers,
• Baisse des exportations,
• Baisse du prix des matières premières (pétrole…).
Dans ces conditions difficiles, Euler Hermes prévoit d’importants ralentissements de la croissance des pays émergents.
De plus en plus de pays à risque
L’évolution globale des notes d’appréciation du risque attribuées par Euler Hermes à chaque pays (cf. Méthodologie) reflète l’évolution générale du risque du commerce international. Avec un solde net de 16 pays ayant vu leurs notes dégradées en 2008, le commerce international est entré dans une période de turbulences.
Sur un plan individuel, la note attribuée à chaque pays reflète sa vulnérabilité à la détérioration de son environnement et sa capacité à y résister. Dans un tel contexte, le risque individuel de chaque pays peut évoluer rapidement et doit donc être surveillé de près par les exportateurs et les pays partenaires.
Ainsi, Euler Hermes a dégradé les notes de onze de pays depuis l’intensification de la crise économique
Euler Hermes a identifié un groupe de pays plus vulnérables :
• Sont notés C la Hongrie, la Roumanie, la Russie, la Turquie, la Lituanie, la Bulgarie, la Lettonie, le Kazakhstan, l’Indonésie, la République Dominicaine, le Honduras, la Jamaïque ;
• Sont notés D l’Islande, l’Ukraine, la Serbie, la Bosnie Herzégovine, le Vietnam, l’Argentine, le Venezuela, l’Equateur, le Kenya, le Liban et le Pakistan.
Certains pays mieux armés face à la crise
A l’inverse, certains pays disposent de ressources et de structures qui leur offrent une relative protection contre la crise mondiale :
Singapour (noté AA), Chili (A), République Tchèque (A), Hong Kong (A), Malaisie (A), Slovénie (A), Taiwan (A), Bahreïn (BB), Botswana (BB), Brésil (BB), Israël (BB), Corée du Sud (BB), Koweït (BB), Mexique (BB), Oman (BB), Pologne (BB), Qatar (BB), Arabie Saoudite (BB), Slovaquie (BB), Afrique du Sud (BB), Thaïlande (BB), Tunisie (BB).
La Russie : manque de liquidités et baisse du prix du pétrole
La Russie devrait voir sa croissance ralentir fortement (+6,1% en 2008 et +1,5% en 2009 selon les estimations d’Euler Hermes) après des années fastes (+7,4% en 2006 et +8,1% en 2007). Cette chute rapide s’est déjà fait sentir au quatrième trimestre 2008 avec une production industrielle en très forte baisse. Le ralentissement de l’activité s’accompagne d’une chute rapide des actions des entreprises russes cotées (-70% en 6 mois) et de la faiblesse du rouble qui a perdu 13% de sa valeur par rapport au dollar en dépit d’interventions massives.
Les réserves de change ont diminué de plus de 25% depuis août 2008. La baisse du prix du pétrole aura un impact significatif sur le budget de l’Etat. Euler Hermes maintient la note C mais surveille les risques que représentent le manque de liquidités des banques et la baisse du prix du pétrole.
La Turquie : forte inflation et faiblesse des réserves de change
La croissance de l’économie turque a sensiblement ralenti depuis 2007 (+6,9% en 2006, +4,5% en 2007). Euler Hermes prévoit une croissance de 2,3% en 2008 puis de 1,0% en 2009. L’inflation reste à un niveau relativement élevé. Euler Hermes estime que le taux d’inflation a atteint 10,1% en 2008 et se maintiendra à un niveau comparable (+10%) en 2009.
L’importance du déficit budgétaire turc et la dépendance aux transferts de capitaux à court terme sont des facteurs-clés de vulnérabilité. La lire turque a vu sa valeur diminuer sensiblement. Les réserves de change se sont elles aussi réduites et couvrent aujourd’hui 3,5 mois d’importations et 60% de la dette extérieure due en 2009.
Euler Hermes maintient la note C mais surveille de près l’évolution du pays, notamment les discussions en cours autour du programme économique soutenu par le FMI.
L’Inde : d’importantes réserves de change mais des possibilités limitées
En Inde, le dernier trimestre 2008 a montré une rapide détérioration de l’activité industrielle.
Le secteur bancaire est resté relativement protégé de la crise financière mondiale, même si les conditions de crédit se sont notablement durcies. La bourse indienne et les taux d’intérêt ont également été affectés. La croissance économique ralentit significativement, mais reste encore à des niveaux élevés dans l’environnement mondial (+7,0% en 2008 et +5,0% en 2009 prévoit Euler Hermes).
Les réserves de change ont diminué sensiblement à cause des actions menées par le gouvernement indien pour défendre sa monnaie. Cependant, l’Inde dispose toujours de réserves couvrant 7 mois d’importations et la totalité de la dette extérieure due.
L’importance du déficit de l’Etat limite sensiblement les possibilités d’action du gouvernement face à la détérioration des conditions économiques générales.
Euler Hermes maintient la note B. Certaines incertitudes politiques et régionales sont cependant à surveiller.
Méthodologie
Euler Hermes attribue une note aux pays, qui mesure le risque dans sa dimension économique et politique. Les facteurs économiques examinés sont les indicateurs macro-économiques (endettement, déficit budgétaire…), institutionnels et structurels. Les facteurs politiques pris en compte par Euler Hermes sont l’efficacité et la stabilité des systèmes politiques. La combinaison de ces deux types d’indicateurs est traduite en une note – AA, A, BB, B, C ou D ; AA étant la note la plus favorable. Ce classement constitue un premier tamis avant toute demande de couverture et influe sur les conditions de garanties accordées par Euler Hermes.