Forte mobilisation des personnels hospitaliers contre le projet de réforme de l’hôpital
Entre 8.000 et 20.000 personnels hospitaliers, dont certains “grands patrons” de services peu habitués à battre le pavé, ont défilé mardi à Paris contre le projet de réforme de l’hôpital, aux côtés de manifestants du monde universitaire dont la grogne a continué de s’essoufler.
Dans la santé, les pouvoirs publics ont semblé prendre en compte l’ampleur de la mobilisation contre le projet de loi Bachelot -qui doit être examiné au Sénat en mai- une réunion de responsables de la majorité sénatoriale étant convoquée dans la journée à Matignon afin d’examiner d’éventuelles modifications au texte du projet de loi.
L’appel à manifester se doublait d’un appel à la grève dans certains endroits, en particulier à l’AP-HP (Assistance Publique – Hôpitaux de Paris qui regroupe une quarantaine d’établissements), où il a été massivement suivi chez les médecins.
Selon l’AP-HP, le taux de médecins grévistes était à la mi-journée d’un peu plus de 50%, tandis que le “taux de mobilisation” (comprenant également les praticiens “assignés” par les autorités afin d’assurer le service minimum) dépassait légèrement 73%. Chez les autres salariés (infirmiers ou aides-soignants), ces taux étaient respectivement d’un peu moins de 10% et de 18%.
Alors qu’il ne s’agissait pas d’une journée d’action nationale, des rassemblements ont tout de même eu lieu en province, comme à Marseille (300 personnes), Lyon ou Lille. A Caen, des centaines de personnes ont formé une chaîne humaine autour du CHU pour dénoncer une “loi Bachelot qui tue l’hôpital”.
Au plan national, selon le ministère de la Santé, le taux de médecins grévistes était à la mi-journée de 9,55% et celui des autres salariés de 2,5%.
A Paris, partis de Montparnasse derrière une banderole revendiquant la “qualité et l’égalité d’accès aux soins” et la défense de l’hôpital public et protestant contre “les suppressions d’emplois” et “l’hôpital-entreprise”, les manifestants étaient 8.000 selon la police, entre 18.000 et 20.000 selon la CGT de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).
Beaucoup avaient revêtu leur blouse blanche. Dans les rangs, on reconnaissait des chefs de service hospitaliers de l’AP-HP très médiatiques ou politiques, de droite comme de gauche, tels Bernard Debré (par ailleurs député UMP) ou René Frydman, aux côtés des autres catégories de personnels.
La CGT ou Sud Santé étaient très présents, mais aussi la CFDT de l’AP-HP.
Sur une autre banderole, on pouvait lire “non à la soumission des médecins au diktat de la loi Bachelot”.
L’examen du projet de loi “Hôpital, Patients, Santé, Territoires” (HPST) doit commencer le 11 mai au Sénat. Les dispositions faisant du directeur le “seul patron” de l’hôpital sont contestées par l’ensemble des manifestants qui jugent notamment le contre-pouvoir médical insuffisant.
Répondant aux manifestants, Mme Bachelot, a affirmé que l’hôpital “crée des emplois” et que le projet de loi “renforce” le “pouvoir médical”.
AFP