La crise financière subprime se confirme en Europe et se propage aux pays émergents les plus fragiles
En Europe, l’Espagne s’enlise dans la crise, entrainant dans son sillage le Portugal. Au Danemark, plus vulnérable que les autres pays scandinaves, les entreprises souffrent du retournement conjoncturel et d’une compression de leurs marges.
Alors que les BRICs (Brésil, Russie, Inde, Chine) résistent toujours bien à la crise, on observe une montée des risques de crédit dans les pays baltes, l’Afrique du Sud et le Vietnam, handicapés par des déséquilibres extérieurs insoutenables et un ralentissement de l’activité.
La crise de crédit s’approfondit en Europe…
En Espagne, la chute du secteur de la construction, jusque-là principal moteur de la croissance, pèse sur la consommation et l’investissement. Le comportement de paiement des entreprises s’est nettement dégradé. Coface constate une hausse de 66% des incidents de paiement depuis janvier 2008 dans ce pays, dont la moitié provient de ce secteur. Après avoir placé sa note sous surveillance négative en septembre 2007, Coface abaisse la note de l’Espagne en A2.
Le Portugal, par effet de domino (30% de ses exportations sont destinées à son voisin), est atteint à son tour. Les impayés y ont été multipliés par deux depuis le début de l’année. Coface place donc sa note A2 sous surveillance négative.
Enfin, le Danemark est plus vulnérable que les autres pays scandinaves en raison d’un secteur de la construction fragile et d’un endettement des ménages élevé. Sous l’effet d’une dégradation sensible de la conjoncture, les faillites sont en nette augmentation (+25% depuis le début de l’année). Coface met donc la note A1 de ce pays sous surveillance négative.
…et se propage aux pays émergents fragiles
Ralentissement de l’activité, hausse de l’inflation et volatilité du rand entraînent des difficultés pour les entreprises sud-africaines. Coface place donc la note A3 de ce pays sous surveillance négative.
Au Vietnam et dans deux pays baltes (Estonie et Lettonie), des crises de surchauffe sont manifestes. Des années de forte croissance ont creusé les déséquilibres extérieurs et ont stimulé l’inflation. En outre, ménages et entreprises se sont fortement endettés en devises. Le Vietnam (note B mise sous surveillance négative) est au bord d’une crise de change de grande ampleur. En Lettonie et Estonie (dont les notes sont respectivement déclassées en A4 et en A3), un atterrissage brutal de l’activité est en cours.
Les BRICs sont épargnés par la crise. La vigueur de la demande intérieure et l’absence de déséquilibres importants soutiennent leurs performances.
« Les risques de crédit augmentent dans les pays émergents vulnérables », précise Yves Zlotowski, chef économiste de Coface, «Les entreprises d’Afrique du Sud, du Vietnam et des pays baltes souffrent de la résorption brutale de déséquilibres excessifs (amples déficits extérieurs, activité en surchauffe, inflation qui s’accélère), qui ne sont plus soutenables dans l’environnement actuel»