Les personnels hospitaliers de nouveau dans la rue pour manifester contre le projet de loi Bachelot
Les personnels et médecins des hôpitaux ont manifesté jeudi dans une trentaine de villes contre le projet de loi Bachelot, en discussion au Sénat, alors que de nombreuses voix s’élèvent, y compris dans la majorité, pour demander l’abandon de la procédure d’urgence au Parlement.
La principale manifestation, à Paris, a réuni entre 3.200 et 14.000 personnes selon les chiffres respectifs de la police et des syndicats. Des défilés plus modestes ont également eu lieu en régions, comme à Marseille (500 à 1.000 personnes) ou à Rennes (350 à 450). Le 28 avril, la manifestation parisienne, qui était alors un défilé national, avait réuni entre 8.000 et 20.000 personnes.
Selon les chiffres du ministère de la Santé, la participation à la grève était globalement inférieure à celle observée le 28 avril, notamment pour les médecins des CHU et chez les médecins et personnels de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). A la mi-journée, quelque 10,6% des médecins étaient grévistes en province et 26,5% dans les hôpitaux de Paris. Chez les autres personnels, les taux étaient respectivement de 5,8% et 5,5%. Ces chiffres ne tiennent pas compte des salariés qui se déclarent grévistes mais ont été assignés.
Les concessions de l’exécutif sur le projet de loi “Hôpital, Patients, Santé, territoires” (HPST) ont été diversement accueillies par la communauté médicale, certains les saluant et d’autres les jugeant insuffisantes. Ces retouches visent à garantir un meilleur équilibre que dans le texte initial entre d’un côté les pouvoirs du directeur d’hôpital -que le texte renforce- et de l’autre ceux de la communauté médicale, qui craint de voir son poids amoindri dans les décisions.
Au ministère de la Santé, on juge que les revendications exprimées jeudi dans la rue ne visent plus tant le projet HPST et qu’il s’agit de revendications plus “classiques” contre les suppressions d’emplois et le nouveau mode de financement des hôpitaux, la tarification à l’activité (T2A).
De fait, médecins et personnels hospitaliers expriment des revendications communes contre la logique de “l’hôpital-entreprise”, que le projet renforce selon eux.
Les médecins hospitaliers ont reçu jeudi le soutien de leurs collègues libéraux, dont le principal syndicat, la CSMF appelait jeudi à une “grève à la japonaise” (fermetures de cabinets, soins gratuits ou encore distribution de tracts).
Leur mécontentement porte toutefois sur des points différents de la loi, notamment sur des questions comme les limites à la liberté d’installation pour lutter contre les déserts médicaux. Tous sont en revanche unis pour demander que le gouvernement renonce à la procédure d’urgence (une seule lecture par chambre) pour examiner le texte.
Après les piques du sénateur UMP et ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin contre un “texte trop confus”, le président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer (UMP) est aussi monté au créneau, jugeant, comme l’opposition, que les nombreux amendements gouvernementaux apportés au Sénat posent problème.
Du fait de la procédure d’urgence, les députés qui ont déjà voté le texte, ne pourront pas s’exprimer sur les modifications des sénateurs.
Selon M. Accoyer, Nicolas Sarkozy aurait donné son accord pour une nouvelle lecture si le Sénat le “modifiait considérablement”, mais des sources gouvernementales ont assuré jeudi à l’AFP qu’il n’y aurait pas de nouvelle lecture à l’Assemblée.
AFP