Nuage(s) sur l’assurance
Le risque est une donnée majeure de l’assurance. Le risque qu’un volcan entre en éruption, face fondre un glacier à 3.000 km de la France et qu’un nuage de cendres monté jusqu’à la troposphère empêche les avions de voler dans son sillage est un risque, admettons, mineur.
Mais un risque quand même. Et un événement avéré, un sinistre constaté aussi facilement qu’un pare-brise éclaté ou une opération du genou. Pour dire que les assurances savent que ça peut arriver.
Par contre, difficile pour elles de faire cotiser chaque passager à une assurance couvrant ce(s) risque(s). Les estimations de coût actuellement annoncées n’en sont qu’aux effets immédiats. Il faudra ajouter les conséquences sur toutes les industries ralenties par ces dysfonctionnements géologiques à impact planétaire. Et plus la note est salée, plus les cotisations sont élevées.
Mais si tous les avions sont restés cloués au sol dans la très grande partie de l’Europe, et par répercussion partout dans le monde, c’est également en raison du principe de précaution.
A la différence d’un autre nuage en 1986, celui-ci est bien passé au-dessus de la France.
Et avant même qu’il soit arrivé, les autorités avaient pris des mesures. Le fameux principe de précaution… Ne nous leurrons pas, les assureurs apprécient beaucoup le principe de précaution. Devenus les premiers colporteurs de la parole préventive, ils n’hésitent pas à défendre ce principe. 100 billets remboursés valent moins cher que 100 familles à indemniser et la perte d’un appareil…
Encore fallait-il que l’assurance couvre le risque ! Si ce n’est pas le cas pour les voyages organisés – il semble clair que les compagnies devraient pouvoir se tourner vers leurs assureurs pour les remboursements, dans un jeu commercial à définir. Mais les contrats de l’aviation sont à ce point importants, malgré les coûts lors des catastrophes, pour les assureurs qu’ils ne peuvent se permettre de laisser filer un client. Les tarifs ont augmenté en 2010, la couverture doit suivre…
Autre cas de précaution prise, et autres conséquences pour les assureurs.
Il y a un an, la grippe A apparaissait au Mexique. Elle aussi a parcouru le monde. Des centaines de millions de vaccins ont été produits, des centaines de milliers de consultations ont été effectuées en France, et les assureurs santé ont versé à l’État des centaines de millions d’euros… Pour le coup, le principe de précaution a coûté cher, bien plus cher que ce qu’avaient imaginé les différents assureurs.