Une dirigeante de PME dénonce : Les assureurs-crédit “ont amplifié nos difficultés”
“Si on n’avait pas rogné sur les frais, on ne serait sans doute plus là”. Dominique Boudier, gérante d’une micro-entreprise informatique, ne décolère pas contre les assureurs-crédits qu’elle accuse d’avoir accrû ses problèmes de trésorerie en réduisant leurs garanties.
“Depuis l’automne, on accuse les banques d’alimenter la crise, mais avant elles, les assureurs-crédit ont refusé de prendre des risques et donc amplifié nos difficultés économiques”, assure Mme Boudier qui dirige Show Page, une entreprise spécialisée dans la revente de matériel informatique à Vélizy (Yvelines).
“Parce que le secteur informatique ne connaît plus ses heures de gloire et n’engrange plus des marges aussi importantes qu’il y a quelques années, nos fournisseurs – des grossistes informatiques- se sont tous couverts en faisant appel à des assureurs-crédit”, relate-t-elle.
Mais ces derniers, anticipant la crise, ont arrêté de prendre des risques et ont réduit leurs garanties, selon Mme Boudier. Ainsi, “un de mes grossistes couvert à concurrence de 160.000 euros pour nos commandes en juillet 2007 ne l’est plus qu’à hauteur de 15.000 euros aujourd’hui”, poursuit-elle. Conséquence, “pour une commande dépassant 15.000 euros, je dois payer cash la marchandise”.
Mais cette trésorerie, que ses fournisseurs lui demandent de dégager, Dominique Boudier ne l’a pas. “On a rogné sur les notes de frais, j’ai baissé mon salaire, on achète moins de fournitures, on s’en sort seulement grâce à ça”, raconte-t-elle.
La gérante a aussi fait appel au médiateur du crédit. Une procédure qui lui a permis de décrocher un prêt de 100.000 euros sur sept ans, “qui nous aide à tenir et grâce auquel on va pouvoir développer une nouvelle activité”.
Face au désengagement des assureurs-crédits, Dominique Boudier a aussi trouvé des solutions auprès de ses fournisseurs. “Certains constructeurs, comme Hewlett-Packard, se substituent aux banques et nous accordent des petites lignes de crédit pour nous permettre de leur acheter du matériel”, souligne-t-elle par exemple. “Mais on passe notre temps à négocier auprès des grossistes, ce n’est pas comme ça qu’on va développer notre activité…”, regrette-t-elle.
AFP