Consommation : la consommation collaborative, une nouvelle inconnue pour les assureurs ?
La consommation collaborative est le mode de consommation de la génération Y. Pour les 18-35 ans, louer une robe, une voiture ou un appareil photo le temps d’une journée ou une soirée est devenu une pratique banale.
La génération Y est une inconditionnelle de la consommation collaborative, achat sur le bon coin, co-voiturage, location d’objets entre particuliers, échange de maison, couchsurfing, crowd-funding, troc… ces pratiques font partie du quotidien des jeunes Français.
Cependant, la question de l’assurance se pose toujours, surtout quand il s’agit de louer un objet de valeur comme une voiture ou encore une robe de luxe.
Les assureurs ont mis du temps à se lancer dans le secteur, comme le révèlent Drivy ou Place de la Loc’, les assureurs frileux ont eu du mal à se lancer dans l’aventure. De fait le premier à s’être mouillé est la Macif. Les entreprises spécialisées dans la consommation participative doivent démarcher les assureurs pendant près d’un an avant de trouver quelqu’un.
Toutes les plateformes ne vous couvrent pas
D’ailleurs, nombreuses sont les plateformes qui ne proposent pas d’assurance. Ainsi les consommateurs doivent être vigilants, car, s’il passe par l’une d’entre elles, ils ont de grandes chances de ne pas être assuré en cas de pépin. Effectivement la plupart des contrats d’assurance excluent l’échange monétaire de leur couverture.
En gros si je loue ma tondeuse à un particulier et que ce dernier la brise, ni mon assureur ni celui du locataire n’accepteront d’indemniser les dégâts, car il y a eu échange monétaire. Attention donc aux mauvaises surprises.
À prendre en compte également, les plateformes qui proposent une assurance prennent une commission sur cette dernière, et en général elles proposent aussi des rachats de franchises.
Une évolution du marché ?
Aujourd’hui que les assureurs investissent enfin dans la consommation collaborative et qu’ils ont compris que c’est une réalité, mais surtout le mode de consommation généralisé de toute une génération, de nouveaux pans de la consommation collaborative émergent.
Les assureurs sont doublement concernés par ce marché d’une part, parce que le changement de la consommation s’accompagne inévitablement d’un changement du rapport à la propriété. La “sharing economy”, l’économie du partage sous-entend que la propriété n’a plus l’importance d’antan.
Donc assurer un objet et un usager devient obsolète et surtout n’est plus adapté à l’emploi des biens. Les risques sont transformés, l’auto-partage en est, l’illustration parfaite du phénomène. Je suis locataire d’un véhicule, je ne suis pas assuré en auto puisque d’ordinaire je n’ai pas de voiture. Si j’ai un accident de voiture pendant ma location, quelle assurance entre en jeux ? Ma Responsabilité civile ? L’assurance du propriétaire ? Ou bien celle de la plateforme qui nous a mis en relation ? Les assureurs doivent absolument mettre au clair leur proposition de valeur face à cette évolution du paysage de l’assurance et des risques à couvrir.
Un nouveau concurrent ?
Outre l’évolution que la consommation collaborative implique sur les biens assurables et les risques, elle vient faire des incursions sur le marché même des assureurs. Comment ?
Des communautés d’auto-assurances voient le jour un peu partout dans le monde. Friendsurance en Allemagne, jFloat au Royaume-Uni ou encore P2P. Le principe est simple, la communauté crée un pot commun ou chacun verse une cotisation. En cas de sinistre, les assurés sont indemnisés.
C’est un moyen pour les assurés de se réapproprier l’assurance et la faire revenir vers des valeurs de mutualisation et solidarité au premier sens du terme.