Ingrid Betancourt, attaquée de toutes parts pour son “ingratitude”, renonce à sa demande d’indemnisation
La franco-colombienne Ingrid Betancourt a renoncé mardi à la demande d’indemnisation de près de huit millions de dollars présentée fin juin à l’Etat colombien, après avoir déclenché une vague d’indignation en Colombie pour son “ingratitude”.
L’avocat représentant l’ex-otage, Gabriel Devis, a “manifesté qu’il renonçait aux requêtes aux fins de conciliation extrajudiciaire” présentées le 30 juin, a annoncé la section du parquet en charge du contentieux administratif, en précisant que cette procédure était désormais “close”.
Me Devis a également confirmé à l’AFP que la plainte avait été retirée.
Ingrid Betancourt et ses proches avaient présenté le 30 juin une requête estimant que l’Etat devait leur verser quelque 15 milliards de pesos (environ huit millions de dollars) pour les dommages économiques et moraux entraînés par ses six années passées aux mains des Farc.
L’ex-otage de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes) a estimé que l’Etat avait insuffisamment assuré sa sécurité le 23 février 2002.
“On m’a enlevé mes gardes du corps. Si l’Etat considérait que c’était si dangereux ils auraient dû me les laisser (…) et s’ils considéraient que c’était vraiment dangereux, on aurait dû me bloquer au poste de contrôle et ne pas me laisser aller”, sur la route où la guérilla l’attendait, a-t-elle expliqué dimanche lors d’un entretien depuis New York avec la chaîne colombienne Caracol.
La requête, révélée vendredi, a déclenché en Colombie une vague d’indignation. Le principal hebdomadaire politique du pays, a ainsi consacré dimanche sa Une à l’ex-otage, avec sa photo accompagnée d’un seul mot: “honteux”.
Le vice-président Francisco Santos l’a pour sa part qualifiée de “prix mondial de l’ingratitude”, tandis que le ministère de la Défense rappelait que l’ex-candidate à la présidentielle de 2002 avait été libérée lors d’une opération militaire durant laquelle “des femmes et les hommes avaient risqué leur vie”, le 2 juillet 2008.
La requête avait en outre été déposée deux jours avant la cérémonie marquant les deux ans de l’opération militaire Jaque, où l’ex-otage a été libérée.
Attaquée de toutes parts, Ingrid Betancourt a tenté dimanche soir de se défendre, en accordant un entretien au journaliste Dario Arizmendi, l’un de ses amis proches, au cours duquel elle a admis que la somme demandée était “astronomique” et “absurde” et qu’elle avait seulement cherché à ouvrir la voie à l’indemnisation d’autres otages.
Durant cet entretien où le journaliste s’est montré très dur, elle a fini par déclarer, en larmes, qu’elle regrettait son geste et précisé qu’elle n’irait de toutes manière pas au-delà d’une démarche de conciliation.
Bogota, 13 juillet 2010 (AFP)