Dossier : la dépendance et les enjeux du 5e risque
Aujourd’hui, la perte d’autonomie touche près de 3 millions de personnes (handicapées et personnes âgées). Le vieillissement croissant de la population, et par conséquent l’augmentation prévisible du nombre de personnes dépendantes dans les années à venir, ont des conséquences économiques et sociales sérieuses. Pour financer cette dépendance, le gouvernement préconise donc la création d’un 5e risque de protection sociale (ou risque dépendance), un système encore difficile à mettre en place.
A l’heure actuelle, les deux tiers de la dépendance sont pris en charge par la collectivité via plusieurs organismes. Elle est financée à 39% par l’assurance-maladie, ensuite l’APA (Allocation personnalisée d’autonomie) prend en charge 18% de son côté, et enfin la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie) finance 10% de la dépendance. Les 33 % restants sont à la charge des familles.
Au quotidien, la dépendance coûte extrêmement chère. Entre maisons spécialisées, services à la personnes, soins et assistance, on estime que le montant de la perte d’autonomie revient aux environs de 2.500 euros par mois. Le montant moyen des revenus des retraités de plus de 80 ans est lui de 1.200 euros. Si l’on compte les aides extérieures qui sont en moyenne de 500 euros, il reste donc 800 euros à la charge des ménages. Et c’est ce « reste à charge » pour les familles qui inquiète les institutions. Par conséquent, le gouvernement travaille actuellement à la création d’un 5e risque de protection sociale (qui vient s’ajouter aux quatre déjà existants : maladie, accidents du travail et maladies professionnelles, famille, retraite-vieillesse) afin de financer entièrement la dépendance et éviter aux familles de s’endetter avec ce « reste à charge ».
« Ce risque de la dépendance existe. Il est aujourd’hui quasiment certain, puisqu’une personne de plus de 50 ans sur trois vivra au moins une année de dépendance dans son existence », affirme Jean-François Ropelewski, Directeur marketing et opérations commerciales chez AG2R La Mondiale. « Ce risque dépendance n’est plus un aléa, mais une certitude. Il faudra donc financer toutes ces dépenses (maison de retraites, services à domiciles, etc), et le gouvernement réfléchit autour de l’accompagnement du 5e risque avec une définition commune de l’assurance dépendance. Une fois définis les critères de cette dernière, il faudra mettre en place le partenariat public/privé, c’est à dire définir qu’est-ce qui est du domaine et de la responsabilité de l’État (soins, maladies, maison de retraites, etc…), et qu’est-ce qui est du domaine et de la responsabilité de l’individu (accompagnements, services repas, coiffeurs, services à la personne…), ajoute Mr Ropelewski.
Le principe du 5e risque est donc de créer le droit à un accompagnement financier pour compenser une perte d’autonomie, quel que soit l’âge de la personne et les causes de son état de dépendance. Pour le moment, le gouvernement étudie encore le projet, car ce dernier sera évidement très coûteux et difficile à mettre en place. Le financement individuel du risque dépendance (assurances, mutuelles, prévoyance) reste évidemment d’actualité, et si la solidarité nationale ne suffisait pas, le gouvernement évoque également le fait de pouvoir financer la dépendance en puisant dans le patrimoine individuel de chacun.
Même si aujourd’hui le projet de création d’un 5e risque reste encore à l’étude, c’est un enjeu majeur pour les prochaines années, notamment pour les assureurs. Les produits dépendance n’ont jamais été aussi nombreux et le marché de la perte d’autonomie est en passe de devenir un des secteurs les plus porteurs. A ce titre, les prestations en nature (transformation des rentes en services) mais aussi le développement de contrats alliant épargne et dépendance (pour éviter les cotisations à fonds perdus si la perte d’autonomie ne s’est pas déclarée) sont en pleine croissance. Le projet de la création du 5e risque devrait être débattu de nouveau dans le courant de l’année 2010.