La fusion Ecureuil/Banque Populaire pourrait être retardée de plusieurs mois

Le rapprochement entre Banque Populaire et Caisse d’Epargne doit être entériné mardi par le Parlement, mais l’opposition de certains syndicats, inquiets pour l’emploi, pourrait retarder cette fusion qui donnera naissance au deuxième groupe bancaire français.

Après l’Assemblée à la mi-mai, le Sénat devrait adopter mardi le projet de loi qui institue un “organe central” commun aux deux banques. L’Autorité de la concurrence, qui doit se prononcer de son côté d’ici le 30 juin, devrait rendre une décision favorable même si des fermetures ponctuelles d’agences pourraient être exigées.

Précipitée par la crise financière, cette fusion était en germe depuis la création fin 2006 de Natixis, filiale commune aux deux établissements. Comme les négociations patinaient, l’Elysée a pris le dossier en main en janvier, imposant à la tête du futur groupe son secrétaire général adjoint, François Pérol. Cette nomination a suscité une vive polémique et M. Pérol est sous le coup de plusieurs plaintes pour prise illégale d’intérêts.
A cette épée de Damoclès judiciaire s’ajoute désormais la menace de certains syndicats de bloquer la fusion des deux banques mutualistes, qui emploient à elles deux 110.000 salariés.

Les élus syndicaux du comité de groupe Caisse d’Epargne ont ainsi menacé jeudi de ne pas rendre d’avis sur la fusion, estimant ne pas disposer des informations suffisantes, notamment en matière d’emploi, pour rendre un “avis éclairé”. Qu’il soit positif ou négatif, l’avis de chacun des comités d’entreprise de chaque Caisse d’Epargne et Banque Populaire régionale (soit 37 au total) est pourtant indispensable pour mener le processus de fusion à son terme.

Faute d’un tel avis, requis d’ici le 23 juin, la fusion pourrait être retardée de plusieurs mois car les valorisations des apports de chaque groupe à la corbeille du mariage devront être reconsidérées non plus sur la base des comptes 2008 mais sur ceux du premier semestre 2009.

Résolus à entraver le processus, les comités d’entreprise de trois des 17 Caisses d’Epargne régionales ont même décidé d’intenter des recours en justice pour défaut d’information. Les craintes des syndicats pour l’emploi se fondent sur deux rapports qu’ils ont commandés à des cabinets d’experts indépendants.

Tandis que le rapport Secafi (côté Banque Populaire) souligne l’absence, pour les personnels, d’une “vision plus précise de leur devenir individuel”, le rapport Sacef (côté Ecureuil) va jusqu’à évoquer la suppression de 10.000 emplois, en tenant compte des 4.500 suppressions d’emplois déjà programmées à la Caisse d’Epargne en application de son plan de rationalisation.

Interrogée par l’AFP, une porte-parole de la direction a réaffirmé lundi qu’il n’y aurait “aucun plan social et pas de départ contraint”. Pour Yves Toublanc, le nouveau président du conseil de surveillance de la Caisse nationale des Caisses d’Epargne, les craintes des syndicats vis-à-vis de l’emploi ne sont pas fondées. “La fusion concerne les organes centraux, et non les réseaux, qui resteront indépendants et concurrents, et conserveront tous leurs métiers”, a-t-il dit dans un entretien à La Tribune.

Mais la situation de Natixis, recapitalisée par l’Etat après une nouvelle perte au premier trimestre, fait craindre que les banques ne cherchent à se séparer de certaines de leurs filiales pour se remettre à flot.

AFP


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