La campagne publicitaire Leclerc sur les médicaments a été jugée tout à fait légale
La campagne Leclerc qui au printemps 2008 avait présenté les médicaments comme des produits de luxe, est tout à fait légale, a tranché la Cour de cassation, dans un arrêt consulté jeudi par l’AFP.
Sous le message “Avec l’augmentation du prix des médicaments, soigner un rhume sera bientôt un luxe”, la publicité litigieuse montrait un buste pour bijoux orné d’une parure de pilules et de gélules. Des spots télévisés avaient également été diffusés.
A l’époque, la société Univers Pharmacie, basée à Colmar, DirectLabo et les syndicats de pharmaciens USPO et UNPF avaient intenté une procédure en référé pour dénigrement.
Le 21 avril 2008, le tribunal de grande instance de Colmar leur avait donné raison et avait interdit la campagne de pub.
Evoquant une “pratique commerciale déloyale”, le juge des référés avait estimé que “l’ensemble des publicités” stigmatisait “nécessairement et évidemment les pharmaciens d’officine” et favorisait “dans le même temps les parapharmacies Leclerc”.
Leclerc avait immédiatement fait appel, Michel-Edouard Leclerc, patron des centres éponymes regrettant alors que “l’humour ne (soit) pas le mieux partagé au sein des officines”. Il avait également réaffirmé que les médicaments non remboursables seraient 25% moins chers si le gouvernement ouvrait ce marché à la grande distribution.
Quinze jours plus tard, le 7 mai, la cour d’appel de Colmar avait rendu une décision diamétralement opposée et autorisé la poursuite de la campagne.
Les pharmaciens s’étaient alors pourvu en cassation. Mais dans un arrêt rendu mardi, la chambre commerciale de la Cour de cassation a rejeté leur pourvoi. A ses yeux, la cour d’appel a eu raison de dire qu’il n’existait pas de “trouble manifestement illicite” qui justifiait une interdiction. En effet, parler de la hausse du prix des médicaments ne constitue pas “pour autant un véritable dénigrement des titulaires d’officine”. Et “l’image d’une parure faite de pilules et de gélules est sans doute d’une ironie un peu agressive, mais elle ne dépasse pas les limites de ce qui est permis en matière d’expression humoristique”.
Toutefois cette décision ne signe pas la fin de l’histoire : en effet, en septembre 2008, les pharmaciens ont engagé une procédure au fond contre les supermarchés Leclerc devant le TGI de Colmar.
Jeudi, l’enseigne Univers Pharmacie qui regroupe quelque 700 officines disait attendre “avec confiance” cette décision et espérait que le tribunal condamnerait ce type de publicité “qui n’est pas acceptable”.
Paris, 16 oct 2009 (AFP)