L’assurance-vie séduit-elle à nouveau les Français ?
Avec 2,3 milliards d’euros de collecte positive enregistrée en mars 2014, l’assurance-vie connait son troisième mois consécutif d’embellie. Un succès qui pourrait toutefois être entaché par le scandale des contrats en déshérence.
Après une année 2013 en dents de scie, où l’assurance-vie a tantôt attiré et tantôt fait fuir les Français, la voici bénéficiant d’un regain d’intérêt en ces trois premiers mois de 2014. Les souscripteurs semblent à nouveau lui faire confiance, en attestent les résultats positifs de la dernière collecte, dévoilés par l’AFA, Association française de l’assurance. Ainsi, en mars, les épargnants ont placé en sur leurs contrats d’assurance-vie 2,3 milliards d’euros. Ils y avaient posé 2,4 milliards d’euros en février (record depuis 1 an), et 1,4 milliard d’euros en janvier.
Fin mars, l’encours global des contrats d’assurance-vie et de capitalisation en France se chiffrait à 1.484,2 milliards d’euros, soit une progression de 5% sur un an avec une hausse de 69 milliards d’euros. “Cette progression est imputable aux bons résultats boursiers […] Les unités de compte progressent au détriment des fonds euros. Cette évolution de l’assurance-vie devrait conforter les professionnels à développer les nouveaux produits « Eurocroissance » et « Vie génération » qui devraient être commercialisés à la fin du second semestre” précise l’économiste et créateur du Cercle de l’Épargne Philippe Crevel dans la publication de sa structure.
Contrats en déshérence et recherche de bénéficiaires, les points noirs de l’assurance-vie
Seulement, le secteur de l’assurance-vie est également dans l’oeil des gouvernants. Le sujets des contrats non réclamés se multiplient. Les bénéficiaires désignés par le souscripteur ne sont pas toujours informés de leur statut et il revient alors aux assureurs d’en assumer la recherche et de les retrouver. Mais les moyens techniques pour y parvenir manquent, et les compagnies d’assurance ne sont pas toujours des plus volontaristes pour mener à bien cette mission. “Il y a un an, en fouillant dans les archives familiales, Odette et Jacques Marin ont fait une découverte alléchante : des contrats d’assurance-vie souscrits par le père de Jacques dans les années 50, pour un total de 100.000 anciens francs. Ils auraient pu ne jamais voir la couleur de cet argent. Quand le père de Jacques est mort il y a 10 ans, la compagnie d’assurances n’a pas pris la peine de contacter ses enfants ou sa veuve” conte la voix d’un reportage dédié aux assurances-vie en déshérence, diffusé le 1er mai dans l’émission “Envoyé Spécial” de France 2.
Agacée par ce laxisme, l’ACPR, L’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution qui contrôle les activités des assureurs, a condamné le 7 avril Cardif, filiale de BNP Paribas, a une amende de 10 millions d’euros pour “retard dans la recherche de bénéficiaires”. “Nous avons effectué, entre la fin de l’année dernière et le début de cette année, un contrôle sur une société d’assurances filiale d’un groupe bancaire (Cardif. Ndlr). Quand le dossier a été présenté à notre collège au mois de juin, nous avons immédiatement saisi la commission des sanctions, tant les faits étaient inacceptables” avait déclaré, il y a quelques mois Jean-Marie Levaux, vice-président de l’ACPR lors de son passage devant une commission du Sénat.
4,6 milliards d’euros seraient actuellement en sommeil et à l’abandon sur des contrats d’assurance-vie non réclamés. Une somme globale redéfinie le 24 avril par le sénateur PS François Marc. Le politicien, rapporteur de la Commission des Finances de la chambre haute, a revu le montant des capitaux errants à la hausse après étude de la proposition de loi de Christian Eckert relative aux comptes bancaires inactifs et aux contrats d’assurance-vie en déshérence (voir reportage de News Assurances sur le sujet). Le texte a été adopté en première lecture le 19 février à l’Assemblée nationale et sera examiné au Sénat en séance publique le 7 mai prochain.