Justice / Indemnisation : Le laboratoire Servier verse 145.000 euros à la famille d’une victime de l’Isoméride
Le laboratoire Servier a été condamné jeudi par la cour d’appel de Versailles à verser 145.500 euros à la famille de Nicole Goudman morte en 1995 après avoir pris de l’Isoméride pendant plusieurs mois, a annoncé à l’AFP l’époux de la victime, Alain Goudman.
En première instance, le 7 juillet 2006, le tribunal de grande instance de Nanterre avait condamné le laboratoire à payer à la famille 130.500 euros. Servier avait fait appel. Un arrêt de la cour d’appel de Versailles avait infirmé ce premier jugement. La famille de la victime avait choisi de se pourvoir en cassation.
La Cour de cassation cassant l’arrêt le 9 juillet 2009, la cour d’appel de Versailles s’est prononcée à nouveau sur l’affaire. Elle a confirmé cette fois les dispositions du premier jugement, augmentant certains motifs de préjudice.
“C’est la première fois qu’une famille dont un proche est décédé après avoir pris de l’Isoméride obtient des indemnités”, a dit à l’AFP le plaignant, Alain Goudman. “Cela a été un combat long et fatiguant avec Servier qui n’a eu que du mépris à notre égard et qui a repoussé nos propositions de régler cette affaire à l’amiable”, a-t-il affirmé.
Un collège d’experts de la Pitié-Salpêtrière avait établi un lien de causalité entre l’hypertension artérielle pulmonaire découverte chez Nicole Goudman en 1993 et la prise d’Isoméride, un coupe-faim commercialisé par Servier entre 1985 et 1997.
“Cette décision de justice est une victoire pour ma femme et ma fille qui a été très perturbée par le décès de sa mère survenu au moment où elle passait son baccalauréat”, a ajouté M. Goudman. “On sait aujourd’hui que l’Isoméride contient une molécule qui est également présente dans le Médiator”, a-t-il poursuivi.
Dans une réaction à l’AFP, le docteur Dominique-Michel Courtois, président de l’Avim (Association des victimes de l’Isoméride et du Mediator), a salué la décision. “Cet arrêt constitue un signal fort à l’encontre des laboratoires Servier et marque la fin de l’impunité dont il semblait jouir, minimisant de façon honteuse le nombre de victimes et de décès”, a-t-il dit.
Le président de l’Avim “espère que cet arrêt exemplaire permettra au laboratoire Servier de prendre conscience de l’étendue de ses responsabilités dans ce véritable “désastre” sanitaire et qu’il va accueillir favorablement la demande de participation financière à un fonds d’indemnisation des victimes qui vient de lui être adressée”. Le 11 janvier, l’Avim avait déposé au parquet de Paris 116 plaintes pour homicides et blessures involontaires visant le Médiator commercialisé par les laboratoires Servier à partir de 1976.
Versailles, 22 janvier 2011 (AFP)