Justice : Les laboratoires Servier condamné à verser 210.000 euros à une patiente soignée à l’Isoméride

Les laboratoires Servier ont été condamnés vendredi par le tribunal de grande instance de Nanterre à verser 210.000 euros de dommages et intérêts à une patiente se plaignant de graves problèmes cardiaques après avoir pris son médicament Isoméride (coupe-faim).

Servier doit également verser à la Caisse primaire d’assurance maladie des Hauts-de-Seine la somme de près de 158.000 euros pour prestations versées à la plaignante. Ces laboratoires ont annoncé qu’ils faisaient appel du jugement.

Le tribunal a estimé que l’expertise médicale permettait “de tenir pour constant le lien de causalité entre le dommage et la prise d’Isoméride” et que les laboratoires Servier “ont commis une faute en manquant à leur obligation de fournir un produit exempt de tout défaut de nature à créer un danger pour les personnes”.

La patiente atteinte de surcharge pondérale s’était vu prescrire par son médecin un traitement en 1985 et en 1988-1989 par Isoméride, un médicament prescrit comme coupe-faim. Cette femme souffre actuellement d’une triple valvulopathie aortique, mitrale et tricuspidienne due à un traitement par Isoméride, donnant lieu à une invalidité permanente partielle de 60 %.

Lancé en 1985, l’Isoméride s’était vendu en France jusqu’à 400.000 boîtes par mois avant d’être retiré de la vente en 1997 par l’Agence du médicament.

Comme le relève le tribunal, les effets indésirables de ce médicament n’ont été connus qu’en 1996 et la première étude qui démontre la nocivité d’un de ces composants ne remonte qu’à 1990. “Il est tout à fait normal que Servier soit condamné mais je suis très insatisfaite du montant des préjudices par rapport à ce que j’ai enduré et que je subis encore”, a déclaré à l’AFP la plaignante, qui a souhaité garder l’anonymat. “Ma vie a été foutue en l’air à cause d’un laboratoire qui n’a pas fait son travail d’information”, a-t-elle affirmé, ajoutant qu’elle envisageait de faire appel de la décision.

Cette patiente a également été traitée avec un médicament proche de l’Isoméride, le Mediator, commercialisé également par les laboratoires Servier de 1976 à 2009.

“L’Isoméride et le Mediator sont deux médicaments qui se transforment dans l’organisme après absorption en la même substance toxique, le norfenfluramine, pour les valves du coeur”, a expliqué à l’AFP la pneumologue Irène Frachon, du CHU de Brest, auteur de “Mediator, 150 mg, sous-titre censuré” aux éditions dialogues.fr.

“Le tribunal reconnaît pour la première fois en France que cette substance est responsable d’une valvulopathie, une nocivité massivement sous-estimée en France”, a-t-elle ajouté, soulignant que l’indemnisation décidée par le tribunal était “très faible en regard du préjudice subi” par la patiente. “D’autres procès pour le Mediator, prescrit sur des durées plus longues que pour l’Isoméride, sont à prévoir dans les années qui viennent”, a estimé Mme Frachon.

Nanterre, 17 sept 2010 (AFP)


un commentaire sur “Justice : Les laboratoires Servier condamné à verser 210.000 euros à une patiente soignée à l’Isoméride”

  • Citoyen en colère Vues :

    Heureusement que l'on peut croire en la justice pour lutter contre les laboratoires pharmaceutiques…
    Que justice soit faite et que les labos prennent leurs responsabilités.
    Et ce n'est que le début……

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