Interviews : Les salariés paieront-ils finalement moins cher leur protection santé ?
Avec la généralisation de la complémentaire santé en entreprise, les salariés feront-ils désormais des économies sur leur assurance santé ? Différents acteurs du monde de l’assurance, de la protection sociale et de l’entreprise se sont exprimés.
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Avec un cofinancement du contrat collectif d’un minimum de 50% par l’employeur, les salariés doivent-ils finalement s’attendre à payer moins cher leur complémentaire ?
Christophe Scherrer, Directeur du développement chez Malakoff Médéric :
Théoriquement oui. Soit car le salarié dépend d’un contrat collectif de branche négocié moins cher et plus couvrant pour des raisons d’économies d’échelle, de taille, de nombre d’assurés et donc grâce à une plus grande solidarité et mutualisation des risques. Soit car le salarié dépend d’un contrat que l’entreprise a souscrit en individuel et donc à tarif préférentiel .
Jean-Christophe Procot, Senior manager rémunération et RH au sein du cabinet de conseil Kurt Salmon
Tout dépend. Il faut regarder ce qu’il va se passer du côté des entreprises et des branches. Plus les prestations seront couvrantes, plus cela coutera cher. Mais du côté des TPE/PME il est probable que, par contrainte budgétaire, elles négocient des socles minimaux, plus économiques, avec possibilités pour les salariés de souscrire des options individuelles à leur charge
Les salariés auront donc besoin de souscrire en plus du contrat collectif une surcomplémentaire ?
Jean-Luc Gérard
Effectivement, le besoin de surcomplémentaire va être plus fort selon le degré de couverture du contrat collectif proposé. Ceci étant, aujourd’hui, les flux santé rendent difficile la possibilité d’avoir une surcomplémentaire avec un autre organisme assureur que celui du contrat collectif. En allant dans une pharmacie par exemple, vous ne pouvez pas avoir 2 cartes de tiers-payant. La complémentaire collective va prendre le dessus sur l’individuelle. Il faudrait ensuite que le salarié revienne à la méthode fastidieuse des remboursements papier, pour les transmettre à sa surcomplémentaire. D’où le fait que l’assureur du contrat collectif soit tout indiqué pour proposer également la sur-complémentaire
Olivier Arroua, associé et fondateur du cabinet de conseil Selenis :
Je pense au contraire qu’il est fort à parier que ce besoin de davantage de protection au-delà du contrat collectif créé un regain d’intérêt du côté des surcomplémentaires individuelles. Elles devront être plus compétitives, offrir un rapport qualité/prix intéressant. Chacun y trouvera son compte dans les milliers de formules possibles, selon ses besoins, son âge, l’englobement de sa famille… Mais bon, effectivement, son prix viendra s’ajouter à celui du contrat collectif. Deux protections à payer au lieu d’une auparavant
Le dispositif compte étendre de 9 à 12 mois la possibilité pour les anciens salariés (partis sous certaines conditions) de conserver leur contrat collectif. Nouveauté, l’ex-employé n’aurait, plus à payer ses cotisations qui seraient assumées par son ancien employeur. Soit une complémentaire santé totalement gratuite pendant 12 mois ?
Olivier Arroua
Rien n’est encore fait mais oui effectivement, c’est ce que prévoit le texte. Une extension des garanties offertes par la loi Evin. Aujourd’hui l’organisme d’assureur de l’entreprise doit proposer à l’ancien salarié un contrat équivalent au contrat collectif mais à un prix 2-3 fois plus cher, et totalement financé par l’ex-employé. Or il s’agirait maintenant de non seulement le maintenir pendant 1 an mais également de le faire financer totalement par l’employeur. C’est fort intéressant pour l’ancien salarié mais négligeable pour l’entreprise et ses collaborateurs. Je pense que cette mesure a été insuffisamment pensée dans ses conséquences économiques
Dans le cas où le salarié disposerait actuellement d’une assurance santé individuelle d’un meilleur rapport qualité/prix que le contrat collectif qui lui est proposé, pourra-t-il le refuser ?
Jean-Christophe Procot
Rien n’est confirmé mais je ne vois pas pourquoi les partenaires sociaux contraindraient un collaborateur, qui est bien couvert et qui souhaite garder sa complémentaire, a aller vers une autre. Surtout s’ils tiennent compte de la future problématique de la juxtaposition des sur-complémentaires. Je pense que la porte sera laissée ouverte pour que les collaborateurs puissent choisir.